Etape 10 : Tirana-Konispol
Date : 28/11
Nombre de kilomètres parcourus : 40 km
Départ/Arrivée : Tirana - Durres
L'Alabanie, riche en émotions
Cet article sera consacré encore une fois à l’Albanie qui est un pays décidément étonnant. Nous rencontrons des personnes aux histoires incroyables. Un jeune homme avec qui vous passez une très agréable soirée, vous explique qu’il a effectué un séjour en prison pour s’être impliqué dans un trafic de drogue. L’Albanie, c’est le dépaysement assuré : tout au long des routes, les champs sont truffés de bunkers. Un ancien dictateur communiste avait pour objectif de protéger son pays contre le capitalisme. Tirana n’a pas de centre historique et les gens célèbrent de nombreuses fêtes religieuses sans en connaître les origines. Ceci résulte encore une fois de l’ancien régime communiste qui interdisait toute pratique religieuse et qui a totalement détruit l’ancienne ville pour que le peuple oublie son passé. L’Albanie c’est aussi des contrastes démesurés : le nombre de voitures de luxes est infini. A ceci s’oppose les bergers gardant 5 dindes ou les charrettes circulant sur les autoroutes. Si vous souhaitez manger de la viande dans certains restaurants, pensez à passer avant chez le boucher : le restaurateur ne possède pas de viande, sa fonction est simplement de la cuire. Enfin lorsque vous allez dans un bar en soirée, munissez-vous d’une lampe de poche. Deux centrales électriques alimentent le pays. Le réseau électrique est en conséquence saturé, ce qui provoque de nombreuses coupures. En clair, si vous souhaitez ouvrir votre esprit, que vous avez certaines difficultés à vous étonner, passez un séjour en Albanie… Sensations garanties.
Gwenn
Un bus parisien dans le centre de Tirana
Cette carte nous a suivi pendant plus de 6 semaines
Date : 29/11
Distance : 120 km
Départ/Arrivée : Durres/Vlore
L’autoroute albanaise :
Le réseau routier albanais est encore très archaïque, désorganisé, non entretenu et peu développé. Aujourd’hui, faute d’autres voies de communication, nous sommes contraints de prendre l’autoroute pour rejoindre Vlore dans le Sud. Après quelques instants d’hésitations, nous voyons une charrette, tirée par un cheval auquel il ne reste que les os sur la peau, s’engager sur le highway. Etonnés et un peu perplexes, nous décidons d’en faire autant. Par chance, la circulation est relativement faible. L’autoroute albanaise est très représentative du pays : du grand n’importe quoi où tout le monde cohabite. Il s’agit davantage d’un axe à double « non » sens. Nous croisons successivement des carrioles, un bus et un vélo rouler à contre sens, un tracteur tirer une caravane, une vieille promener ses dindes, et, la cerise sur le gâteau, un peloton de cyclistes réalisant le tour d’Albanie ! Nous roulons pendant plus de 70 km les yeux fixés sur la route pour éviter les nids de poule, respirant la poussière et les gaz des pots d’échappement.
Arrivés à Vlore, nous rejoignons la côte et assistons à un couché de soleil sur la mer adriatique, reposant après une journée intense et difficile.
Le slalom entre les vaches
Couché de soleil sur l'adriatique
Date : 30 Novembre 2009
Distance parcourue : 62Km
Départ – Arrivée : Vlore – Himare
Un moral d’acier (2)
On nous avait pourtant prévenus. Depuis notre arrivée dans le Nord des Balkans, lorsque nous racontons notre itinéraire, nos interlocuteurs ont beaucoup à dire : la Bosnie, oh lala c’est dangereux et il fait froid ! L’Albanie, la mafia est partout, méfiez-vous ! La côte adriatique, le vent vous fera reculer ! Nous n’y croyions plus. Mais aujourd’hui, nous en avons fait les frais. Nous avons du gravir une montagne (1027m de dénivelé) avec des rafales de vent dignes d’une tempête. Nous étions déportés d’un côté à l’autre de la route, et à maintes reprises nous avons du poser le pied pour ne pas finir dans le fossé. Sylvain a même tenté de pousser son vélo, et s’est rendu compte qu’il perdait que quelques kilomètres par heure. En nous encourageant les uns les autres, nous avons tant bien que mal réussi à pédaler toute la durée du jour. Mais nous dormons ce soir à plus de 60 km de l’objectif que nous nous étions fixé hier soir… Peut-être demain le vent se sera-t-il calmé ? En tout cas, il ne suffit pas à nous décourager !
Joannes
Paysage magnifique mais peu hospitalié par ses rafales de vents
Cote sud de l'Alabanie
Date : 1 Décembre 2009
Distance parcourue : 84Km
Départ – Arrivée : Himare - Konispol
Une nuit intrigante de sécurité !!
Pour notre dernière nuit en Albanie, nous entrons dans un hameau à une vingtaine de kilomètre de la frontière Grecque. Aucune maison n’est éclairée, l’endroit semble abandonné à première vue. Puis, subitement toutes les maisons disposent de lumière, rien d’inquiétant, ce ne sont que des coupures intempestives d’électricité, fréquentes en Albanie, dues à une surcharge de consommation électrique sur le réseau. Il n’est pas dimensionné au réel besoin du pays. Au travers des maisons que nous visitons pour camper sur un bout de terrain, nous ressentons de l’inhospitalité.
Au loin, des éclairs éclairent l’horizon, c’est à ce moment là que nous nous installons dans un tout petit bar, dans lequel nous dinerons, et autour duquel nous devions en principe dormir. Mais le terrain couvert de capsules de bière, de bouts de verre, nous nous apercevons trop tard que nous ne pourrons y planter la tente. L’orage distingué au loin est juste entrain de passer au dessus de notre tête. Le bar est en train de fermer, nous devons sortir, dehors une pluie torrentielle s’abat sur nous, nous sommes trempés en une fraction de seconde, avec aucun endroit pour dormir.
Rapidement, nous repérons une maison en construction et en partie abandonnée, à 2 pas du bar. Nous courrons avec nos vélos, nous y mettre à l’abri. Il faut pour cela porter les vélos avec leurs sacoches pour escalader le palier d’une demi-taille d’homme.
Le sol est recouvert de gravas, parsemé de bouts de verre. Trempés et dans un ultime effort nous parvenons à nettoyer une surface pour y déposer les tentes sans leurs toiles du dessus. Nous sommes au sec et allons pouvoir nous coucher, quand, un gros véhicule 4X4 s’arrête devant la maison. On peut nous voir de la rue. Dans cette voiture, il semblerait y avoir 2 hommes, distingués au travers de leur vitre. Personne n’en sort, on sent qu’ils nous observent malgré la buée maintenant présente dans leur véhicule.
Qui sont-ils ? L’armée ?! Ils seraient venus nous voir ! Des bandits ?! Ils attendent peut être que nous dormions, pour dérober nos affaires !!
Intrigués, et après mure réflexion, équipés de nos k-way nous sortons frapper à leur porte. Dans un premier temps nous sommes surpris, nous n’y apercevons personne. Ils se cachent ? Puis, une tête et encore une autre se dressent au travers des carreaux. L’un d’entre eux sort, il est vêtu d’un uniforme et il semblerait que nous venons de le réveiller !! Nous retournons ensemble au sec dans la maison, il pleut toujours des cordes, les éclairs éclairant toutes la vallée sont au dessus de nos têtes, le tonnerre est immédiat et puissant. L’officier nous montre sa casquette, son ceinturons pour nous convaincre qu’il est policier, mais nous l’avions déjà saisi. Le pauvre, un peu dans le coltard, les cheveux ébouriffés nous fait penser à « Pinot simple flic » : un film français dont l’acteur est Gérard Jugnot, un flic plein de bonne volonté mais pas très perspicace. Enfin bref, tant bien que mal notre flic essai de nous convaincre de partir pour la prochaine ville, dans laquelle nous trouverons un hôtel.
De notre coté, faisant mine de ne pas comprendre, nous lui indiquons que nous partirons le lendemain entre 7 et 8h00 du matin. Il s’en va et retourne dans son véhicule.
Nous finissons par nous coucher et craignons qu’il revienne dans la nuit, afin de nous déloger.
Au final, ils seront restés toute la nuit devant notre maison. Nous comprenons maintenant avec évidence, qu’ils sont restés pour nous protéger.
Jean-Baptiste