Autriche

Rencontre avec Ralph Liebing et Roswitha Six au Fibl (Vienne, Autriche), le 16/10

Innovations :

Création d’un réseau d’acteurs autour du maraîchage biologique

- Transformation d’un compost de haute qualité nutritionnelle à l’aide de vers de terre (vermicompost)

 

Le Fibl de Vienne, institut de recherche en agriculture biologique d’Autriche a le même fonctionnement que le Fibl de la Suisse. En revanche, le financement de ses activités est indépendant du Fibl de Suisse et de l’Allemagne.

L’Autriche est le leader européen en termes de pourcentage de terres cultivées en agriculture biologique (16 % de la surface agricole utile totale et 14 % des fermes). Dès 1995, entrée de l’Autriche dans l’union européenne, le gouvernement a fortement soutenu le développement de l’agriculture biologique. Parallèlement, un homme nommé Lampert Luerner, a imaginé la vente massive de produits biologiques par l’intermédiaire des grandes surfaces. Ces deux facteurs ont permis à l’agriculture biologique de se répandre très tôt en Autriche. Aujourd’hui, le pays compte 6500 supermarchés et tous proposent des produits bios. C’est par ce biais que la très grande majorité des produits bios est commercialisée (66 % des ventes). Pourtant, nous nous interrogeons sur le rapport de force entre les producteurs et la grande distribution : cette dernière n’impose-t-elle pas les prix et ne réalise-t-elle pas des marges démesurées ? Par ailleurs, 15 % des produits bios sont vendus en magasins spécialisés, 7 % sont écoulés en vente directe, 7 % sont destinés à l’exportation et 5 % dans la restauration collective. Cette dernière est dans l’obligation de proposer certains produits bios.

D’autres circuits de commercialisation se développent comme les « Abokiste », qui sont l’équivalent des AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne). Par exemple, l’association ADAMA commercialise 3000 à 4000 paniers/semaine. Une exploitation agricole produit et achète la marchandise qu’elle ne possède pas (à des producteurs locaux ou à l’étranger pour les produits exotiques).

Le label biologique national « aus biologischer landwirtschaft » est un peu plus exigent que le cahier des charges européen notamment en ce qui concerne l’alimentation des animaux. De nombreux labels privés se développent pour les supermarchés. Le plus connu est nommé « ja natürlich ».

L’immense majorité des producteurs biologiques sont membres de l’association bioaustria (12500 producteurs). Celle-ci travaille en étroite collaboration avec le Fibl sur certains projets comme celui de Roswitha que l’on développera par la suite. Sur d’autres, les deux organismes sont en compétition lorsqu’il s’agit de trouver des financements.

 

Roswitha a intégré le Fibl en Avril 2009 après avoir travaillé pour Bioaustria. Elle est responsable d’une nouvelle activité du Fibl : le maraîchage. L’un de ses principaux axes de travail consiste à regrouper l’ensemble des acteurs autour du maraîchage bio : chercheurs, conseillers agricoles, spécialistes de filières et agriculteurs (conventionnels et biologiques). La mise en place de ce réseau nous semble innovante dans la mesure où elle favorise le partage des informations entre les différents acteurs. Elle s’appuie sur l’organisation de conférences, de séminaires, de groupes de travail où sont exposés notamment des résultats expérimentaux. La diffusion de l’information passe également par la mise à jour d’un site internet ( www.bio-net.at ) et la réalisation de brochures. L’idée principale est de motiver les agriculteurs à se convertir à l’AB.

 

A partir de l’année prochaine des essais expérimentaux (ex : culture des carottes et de l’oignon) auront lieu afin de fournir des références aux agriculteurs.

 

Nous souhaitons aborder une seconde innovation mise en œuvre par un agriculteur autrichien nommé Alfred Grand, dont Roswitha nous a parlé. Son activité consiste en la production d’un compost de haute qualité nutritive pour les plantes, appelé « Vermigrand ». Il est réalisé à partir d’un compost ordinaire sous serre et transformé par des vers de terre. Ceci augmente considérablement la bioactivité du compost, soit la quantité de micro-organismes présents, participant à l’activité du sol et rendant les nutriments disponibles pour les plantes. Ce processus de compostage par les vers de terre existe à l’état naturel depuis des millions d’années. L’élevage de vers de terre est présent aux Etats-Unis depuis longtemps, mais pour la production d’appâts de pêche. Aujourd’hui, le vermicompost se développe fortement. Pas seulement à la maison mais aussi à l’échelle industrielle pour le traitement des déchets. Les résultats obtenus en termes de fertilisation sont très satisfaisants, ce qui promet un bon avenir au vermicompost.

Ce compost reste néanmoins très cher et donc difficilement accessible pour les agriculteurs. Mais Alfred Grand ne se contente pas de commercialiser du compost. Il vend aussi des vers de terre à mettre dans son compost, des bacs à compost avec le système de compostage, vers de terre compris, et du jus de compost dont les effets fertilisants semblent encore meilleurs.




Rencontre avec Roswitha, au Fibl de Vienne

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