Etape 7 : Sarajevo-Drvenik
Date :10 Novembre 2009
Nombre de kilomètres : 0
Départ – arrivée : Ilidza (Sarajevo)
Du tourisme contre la misère
Ce matin, nous avons rencontré Hasan Sabeta, qui fait du tourisme équitable : ce bosniaque jeune retraité prend en charge bénévolement des touristes français. Il les accompagne visiter certains coins magnifiques de Bosnie. L’hébergement est réalisé dans des « fermes », qui sont en fait des familles pauvres, qui produisent leur alimentation pour survivre. L’accueil des touristes leur permet d’avoir un revenu. De plus, les bénéfices réalisés par ce tourisme sont reversés à des associations (orphelinat pour les enfants de la guerre, familles pauvres…). Hasan nous conseille quelques coins à visiter sur notre route, nous suivrons ses conseils…
Joannes
Le tunnel de Sarajevo : seul moyen de communication de la capitale avec l'extérieur pendant la guerre
Date : 11/11
Distance parcourue : 130km
Départ – Arrivée : Ilidza (Sarajevo) – Mostar
Le klaxon
Cet avertisseur sonore utilisé dans nos contrées pour saluer un ami(e) que l’on croise, ou bien au contraire, pour exprimer un mécontentement envers un automobiliste, qui peut avoir exécuté une manœuvre indélicate à notre goût. Il s’en suit généralement par quelques mots, que l’on peut aisément comprendre au travers du pare brise, par une mise en scène gestuelle du conducteur.
Enfin bref, au cours de notre voyage nous entendons divers coups de klaxon. Ceux-ci nous sont adressés, la plupart du temps, pour nous prévenir lorsqu’une voiture veut nous dépasser « Tut ». Ce qui est plutôt sécurisant, ainsi nous serrons au mieux notre droite. Nous distinguons diverses sonorités, dont une plus imposante « Beuuuh ». Nous comprenons distinctement qu’il va falloir ne pas bouger car un camion vient à notre hauteur. Imaginez ça sous la pluie et sur des routes dignes d’un bon gruyère (petit moment d’ émotion).
Mais, depuis que nous traversons la Bosnie nous rencontrons des coups de klaxon d’un autre genre, ils sont plus répétitifs et spontanés « tututuut », agrémentés de salutations de la main, pour nous exprimer un bon accueil, une bonne route et nous encourager dans notre périple. Lorsque l’on voyage en vélo, il est important de comprendre ce précieux langage !
Jean-Baptiste
Le v ieux pont de Mostar (époque ottomane) : symbole de réconciliation
Date : 12/11
Départ-Arrivée : Mostar - Blagaj
Nombre de kilomètres parcourus : 34 km
La tolérance
A Sarajevo, deux jeunes lycéens nous ont interviewés au sujet de la tolérance dans le cadre de leur scolarité : ma réponse fut brève et m’a quelque peu insatisfait. J’ai donc réfléchi à ce sujet ces derniers jours. La tolérance est une vertu que chacun d’entre nous doit posséder afin qu’une société puisse évoluer dans les meilleures conditions. Sans quoi, les hommes seraient en permanence en guerre comme ce qui s’est produit en Bosnie Herzégovine en 1992. Mais ce qui est paradoxal, c’est qu’aujourd’hui les bosniens sont capables de reconstruire un pays même si trois religions (orthodoxe, catholique, musulmane) ainsi que trois nationalités (serbe, croate, bosniaque) les opposent radicalement. Ainsi, je pense que la Bosnie Herzégovine peut donner une leçon de tolérance à l’ensemble de l’Europe.
Mais la tolérance peut également être analysée à l’échelle individuelle. Si nous étudions notre groupe de 4 cyclistes, nous nous apercevons que chacun d’entre nous doit réaliser des efforts pour accepter les différences de chacun. Par ailleurs, nous savons que la tolérance présente certaines limites. Ainsi, nous devons réaliser un travail sur nous même afin de répondre aux attentes du groupe.
Gwenn
Semir et Daniel nous acceuillent dans leur demeure ottomane
Date : Vendredi 13/11
Distance : 40 km
Départ/Arrivée : Blagaj/Mostar/Blagaj
Bilan semi-trimestriel de l’équipe cyclable
Cet article sera alimenté par le recueil des impressions personnelles des différents membres de l’équipe.
Gwenn : « Ce voyage me permet d’apporter une réflexion personnelle sur la vie future. Nous apprenons à gagner en humanité et générosité »
Joannes : « Ce voyage est une leçon sur la convivialité, l’accueil et la disponibilité. Il s’agit là de valeurs essentielles, trop souvent oubliées. J’espère m’en souvenir à notre retour en France. »
Jean-Baptiste : « Ce voyage est enrichissant au niveau de la vie en communauté et de l’esprit d’équipe. Nous partageons les difficultés mais surtout les bons moments avec les gens que nous rencontrons. »
Pour ma part, j’aime cette liberté quotidienne qui nous enivre sur la route de la convivialité ; liberté rythmée par des rencontres et des échanges atypiques, d’une richesse hors du commun. Une vraie bouffée d’air pur.
Sylvain
La source Buna :parmi les plus grandes d'Europe (43000 litres par seconde)
Date : 14 Novembre 2009
Nombre de kilomètres : 56
Départ – arrivée : Buna – Medugorje (Bosnie)
Les vacances d’automne
Après Sarajevo, un col nous attendait. Un tunnel à la cime sépare la Bosnie de l’Herzegovine (qui sont les 2 régions de la Bosnie Herzegovine). Ce tunnel sépare aussi un climat de montagne (Sarajevo) d’un climat méditerranéen (Mostar). La chaleur plus qu’agréable de la journée nous fait oublier la fraicheur de la nuit. Ce facteur climatique a une grande influence sur notre voyage, puisque… nous n’arrivons plus à avancer !! Nous avons passé presque 3 jours à Mostar, fait 30 Km effectifs (= qui nous font avancer sur l’itinéraire) pour s’écarter de 17 Km par rapport à l’itinéraire prévu, et passer une journée de plus à visiter. Nous prévoyons de nous rendre sur l’une des iles croates, espérant trouver des températures encore plus clémentes. Comme prétexte, nous rencontrerons sur cette île le directeur d’une coopérative agricole biologique. C’est un peu nos vacances d’automne, quoi qu’on en dise.
Joannes
L'église de Medugorje, lieu de pélerinage catholique
Date : 15/11
Distance parcourue : 90km
Départ – Arrivée : Medugorje (Bosnie)- Petit village de l’île de Hvar (Croatie)
Un nouveau pays, une nouvelle frontière.
C’était le cas à chaque fois mais pour une fois, nous pénétrons un pays déjà traversé. Nous y revenons, cette fois, par le sud ouest. Voyager le long de la côte Croate, c’est un changement radical de paysage. Nous slalomons tout d’abord, dans des collines nues de végétation, faisant apparaitre la roche gris claire parsemée de taches, où la vie végétale arrive à s’y accrocher. En quelques kilomètres, nous arrivons sur la côte. Les collines se prolongent dans cette mer adriatique, où à la limite de ses deux éléments, des petits villages de pécheur prennent place. Leurs maisons sont blanches surmontées d’un toit en tuile réfléchissant au mieux la lumière.
De l’un d’eux, nous traversons en ferry un bras de mer, pour accoster sur l’île de Hvar. Sur cette île, plus longue que large, nous circulons sur la route bordée d’oliviers et de mandariniers organisés dans un quadrillage aléatoire de petits murets en pierres. Sur le trajet, une odeur nous embaume, c’est de la Sauge, une plante médicinale. Les tentes plantées sous les oliviers, nous dormons la tête sous un ciel étoilé.
Jean-Baptiste
Vue sur la mer adriatique à partir de l'Ile de Hvar
Date : 16/11
Départ-Arrivée : Petit village de l’île de Hvar-Stari Grad (île de Hvar, Croatie)
Nombre de kilomètres parcourus : 49 km
Une sacrée claque de conscience
Au moment où je vous écris, je suis allongé sur le ponton d’un petit port d’une île croate nommée Hvar. Le soleil rayonne légèrement dans un ciel dépourvu de nuages : Depuis Mostar, notre voyage a décidément pris un réel tournant. Nous sommes accompagnés depuis 4 jours par un soleil éclatant. Mon article est consacré à la journée d’hier. Nous avons pu découvrir l’île de Hvar. Sur notre route nous admirons les champs d’oliviers, de mandarines et de vignes. En contre bas, nous contemplons la mer, d’une eau limpide et plus claire que l’eau de roche. A ceci s’ajoutent des odeurs de thym, de sauge sauvage et de romarin : on se croirait dans le pot d’herbes de Provence de notre maman. Enfin, nous découvrons la vie des habitants qui semble paisible : des vieux sur la terrasse d’un café jouent aux cartes. Un autre quitte le port pour se consacrer à la pêche au poulpe. Enfin, certains sont dans les champs pour la récolte des olives et des mandarines. Mais ce qui est le plus appréciable, c’est que nous sommes quasiment les seuls touristes sur cette île (à contre saison). Je prends donc une claque de conscience : j’imaginais ce voyage comme une aventure difficile qui allait me demander de faire preuve de courage et de résistance.
Gwenn
Le vignoble "Ivan Dolac", lieu paradisiaque sur l'ile de Hvar
Date : 17/11
Distance : 61 km
Départ/Arrivée : Stari Grad - Drvenik
La durée des jours :
Avant notre départ nous avions anticipé de nombreux imprévus climatiques auxquels nous allions être confrontés. Nous avions, notamment, orienté notre itinéraire vers les courants d’air chaud de la mer méditerranéenne et réfléchi à notre équipement en fonction de la pluie et du froid.
Après plus de 3000 km à vélo, je pense pouvoir dire que nous étions bien préparés. Bien sûr, nous avons du faire preuve d’inventivité et de créativité au fil des jours pour rendre notre quotidien plus « agréable ». A cet effet, nous pourrions écrire un livre sur « les trucs et astuces du cyclotourisme à contre-saison ».
Néanmoins, malgré nos brillants diplômes d’ingénieurs en poche, un phénomène naturel très simple nous avait complètement échappé : la diminution de la durée des jours. Plus que la pluie ou la neige, les couchés de soleil précoces nous affectent tout particulièrement et dictent avec impérialisme notre quotidien.
Il est 16h30, nous assistons, impuissants, au couché d’un soleil rouge sur la méditerranée depuis la passerelle supérieure du bateau.
Sylvain.
En attendant le bateau sur l'ile de Hvar...